La butte de Goasseac’h, située au sud de la ville de Carhaix, fait l’objet de travaux archéologiques depuis 2019. Inventoriée au cours des années 1980 comme architecture mégalithique, la butte ne présentait toutefois aucun bloc de grande dimension à sa surface, laissant un doute relatif quant à l’interprétation de l’architecture qu’elle contenait. Ses dimensions (120 m de long pour 40 m de large), l’orientation de sa façade principale (vers le sud-est) et son implantation dans une pente vers le sud-est semblaient indiquer la présence d’une architecture mégalithique du Néolithique moyen, similaire au cairn de Barnenez. Cette hypothèse était toutefois contraire à l’idée répandue que les architectures mégalithiques de cette période, en particulier monumentales, n’étaient présentes que sur le littoral breton et non à l’intérieur des terres. La découverte du cairn de Goasseac’h lors des sondages menés en 2019 vient donc questionner la répartition actuellement proposée pour le phénomène mégalithique en Bretagne au Néolithique moyen.
Le projet s’est poursuivi par une fouille pluriannuelle dont les campagnes de 2020 et 2021 ont permis de documenter plus d’un tiers de la butte. Pour le moment, nos travaux ont mis au jour une portion de 38 m de long qui contient 7 dolmens à couloir. Le cairn dans sa globalité est estimé à 90 m de long avec une largeur de 10 m. Le cairn est préservé sur un mètre de haut environ, malgré de nombreuses zones d’exploitation de la pierre à des périodes plus récentes. La conservation la plus importante concerne les dolmens remplis d’un sédiment loessique et qui n’ont pas été perturbés depuis la ruine de leur couverture, qui a scellé ces espaces. Il est d’ailleurs notable que l’un des dolmens a livré, en 2019, un gobelet campaniforme au sommet de ce comblement. En plus d’avoir identifié le cairn sous la butte, des prospections géophysiques autour de celle-ci ont permis d’identifier dans le substrat de grauwacke les carrières qui ont servi pour la construction de l’édifice. Le site de Goasseac’h offre donc la possibilité d’étudier toutes les chaînes opératoires depuis l’extraction jusqu’à l’édification. Le cairn de Goasseac’h possède de nombreuses similitudes avec celui de Barnenez. Néanmoins, il est désormais presque certain que ce dernier sera surpassé à la fois en termes de taille et possiblement en nombre de dolmens présents en son sein. La fouille et l’état de préservation de Goasseac’h permettront donc d’améliorer significativement nos connaissances et de questionner notre vision du phénomène mégalithique en Bretagne.